Stéphane Troussel, président
du Conseil Général, refuse la saignée de la Seine-Saint-Denis. Voici ce qu’il a
écrit dans l’hebdomadaire « Nouvel Observateur le 06/12/2012
Cela n'est plus supportable,
car la crise frappe ici plus durement qu'ailleurs, et place les services
sociaux sous tension: la barre symbolique des 100 000 chômeurs est presque
atteinte et le nombre de bénéficiaires du RSA a augmenté de 6% depuis le début
de l'année.
Cela n'est plus supportable,
car nous avons l'impérieux devoir d'investir pour préparer l'avenir du
département le plus jeune de France métropolitaine. Un système technocratique
idiot qui classe la Seine-Saint-Denis dans les départements les plus riches:
non seulement la Seine-Saint-Denis ne bénéficie pas des aides d'urgence, mais
elle contribue cette année pour près de 15 millions à la péréquation entre les
départements ! Un système qui aggrave les inégalités au sein de la région la
plus riche de France et qui conforte les égoïsmes: la Seine-Saint-Denis assume
200 millions de dépenses sociales obligatoires de plus que les Hauts-de-Seine en
percevant 250 millions de recettes fiscales de moins.
Les origines de ce mal chronique
sont donc connues depuis longtemps, les remèdes aussi. D'abord agir vite, dès
2013, par un traitement d'attaque qui combine la révision des critères de dotation et de péréquation nationale, l'éligibilité au fonds d'urgence pour les
départements, la redistribution entre départements d'Ile-de- France et un peu
d'autonomie fiscale. Il faudra tout cela pour espérer voter un budget à
l'équilibre. Ensuite, comme pour tous les départements, un traitement de fond:
réformer enfin cet acte II de la décentralisation qui a transféré aux conseils
généraux les dépenses de solidarité nationale sans leur donner les ressources
correspondantes. Revenir à un financement national est la seule solution pour
sortir durablement de l'inégalité territoriale et éviter de réduire les
départements à des guichets sans moyens. Le gouvernement sait que notre maladie
n'est pas imaginaire et ne se traite pas par la saignée. Si rien n'est fait
pour répondre à l'urgence, l'acte III de la décentralisation risque fort d'être,
pour la Seine-Saint-Denis, le dernier d'une intolérable tragédie."
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