Ci-dessous, quelques déclarations de députés de l’opposition depuis le
mardi 29 janvier. Ce n’est pas exhaustif.
M. Jacques Alain Bénisti.
Méditons ensemble, puisque c’est le jour du Seigneur, monsieur le président,
sur les conséquences des décisions que nous allons prendre aujourd’hui. Nous ne
souhaitons pas plus créer des « femmes-objet » que des
« enfants-Playmobil » !
Mme Marion Maréchal-Le Pen.
Si l’orientation sexuelle devient un critère de droit,
pourquoi l’orientation culturelle n’en serait-il pas un ?
Pourquoi à terme, refuser la polygamie, pratiquée dans plusieurs pays, parce
que selon vous, c’est un argument valable ?
M. Xavier Breton.
Pourquoi se limiter à deux personnes dans un mariage, quand on nie l’altérité
sexuelle ? Vous n’avez jamais répondu, et je vous le demande donc de
nouveau : si vous ne fondez pas le mariage sur l’altérité sexuelle,
qu’est-ce qui empêche trois personnes qui
s’aiment, trois hommes, deux hommes et une femme, deux femmes et un homme ou
bien trois femmes, de se marier ?
M. Céleste Lett.
Permettez– d’autres auraient dit « souffrez » – qu’à propos de cet
amendement je répète que ce projet de loi, non seulement irresponsable mais
aussi funeste, organise – je reprendrai les mots du chauffeur de taxi qui
m’emmenait hier à l’Assemblée – «
la
décadence de notre société » au prétexte de mener une révolution sociétale
et de faire respecter le principe d’égalité.
M. Nicolas Dhuicq.
Quand on considère le parcours de certains garçons, on peut s’interroger et
essayer de comprendre pourquoi ils n’ont pas eu la chance, lorsqu’ils étaient
enfants, de voir leurs parents s’occuper d’eux, comme la majorité de vos
enfants, mesdames et messieurs, mes chers collègues.
Vous faites preuve d’intolérance vis-à-vis des collègues qui
s’expriment à la tribune et qui ont le droit de réfléchir et de s’interroger
sur ce qui pousse des enfants de ce pays à le rejeter et à commettre le meurtre
et l’assassinat.
M. Paul Salen. En
conclusion, pourquoi le principe de précaution, si souvent mis en avant et dans
tous les domaines, y compris à propos du
maïs
transgénique, ne devrait-il pas s’appliquer à ce projet ?
Mme Marie-Christine Dalloz.
Je vous demande donc instamment, mesdames les ministres – et c’est une femme
députée qui vous parle –, de respecter le principe de précaution pour ces
enfants. Pour assurer aux enfants adoptés un développement harmonieux,
je vous demande que le principe de
précaution puisse s’appliquer et qu’il ne soit pas en France une exception
réservée aux espèces animales, que les enfants des hommes y aient également
droit !
M. Philippe Gosselin.
Non, je crois que le législateur ne doit pas créer de toutes pièces une fiction
juridique pour faire apparaître un enfant dans le foyer d’un couple homosexuel
en niant la filiation et la biologie
M. Nicolas Dhuicq.
Madame la ministre, comme les quatre cinquièmes des enfants adoptés viennent de
l’étranger, nous serons confrontés à une diminution du nombre d’enfants à
adopter. Vous créerez à force d’inégalités une discrimination sur le genre.
C’est une régression monstrueuse que vous
apportez à la civilisation.
Mme Annie Genevard.
Comment pourrait-il en être autrement, quand des organismes aussi compétents
que l’académie des sciences morales et politiques ou le conseil supérieur de
l’adoption expriment des avis négatifs ou un sentiment d’inquiétude ?
Enfin, comment rester sourd aux cris de
détresse de ces enfants élevés sans père ou sans mère ?
M. Nicolas Dhuicq.
Vous ne pensez en rien à ces collègues qui travaillent auprès d’enfants sans
repères identificatoire, sans cadre parental, comme je l’ai fait pendant
plusieurs années, et qui ont des vies déjà suffisamment compliquées. Par conséquent, ayez l’obligeance – la
décence – de laisser aux élus de la République la possibilité de préserver leur
conscience, de garder leur éthique, et de refuser
le vent de psychose que vous faites souffler sur la France.
M. Georges Fenech.
Je souhaite vous faire part d’une simple réflexion. Ce débat n’est pas
simplement de nature législative
:
il touche aux fondements de l’humanité, basé sur des lois naturelles, que l’on
oppose aux lois positives. Je crois que jamais une loi naturelle ne peut
être dénaturée par une loi positive. Vous nous proposez de réécrire, à la façon
d’apprentis sorciers, une loi naturelle…
M. Jacques Myard.
J’invite Mme Coutelle à venir manger mon poulet au champagne. En revanche,
je ne peux pas enfanter seul, pas plus que les femmes que j’ai connues ne
peuvent le faire. C’est cela, la réalité du monde.
Cessez donc de bâtir des illusions sociales contraires à la vérité du
monde, cessez de vous mentir !
M. Guénhaël Huet.
Je vous renvoie à la sagesse de René Descartes :
il vaut mieux changer ses désirs que vouloir changer l’ordre du monde.
M. François de Mazières.
Songez à tous les couples qui, pour des raisons de santé, sont obligés de
recourir à ce qu’on appelle les FIV. Quel amalgame ! Aujourd’hui, la
fécondation in vitro est utilisée pour des raisons médicales. Et
on passerait désormais commande d’un bébé,
parce qu’on a le désir d’un bébé ! Mais enfin, pour une société, c’est
fou !
Mme Arlette Grosskost.
Il nous appartient de préserver un cadre qui saura répondre à son
identification. C’est à la loi de poser les limites. C’est à nous,
législateurs, de réfléchir au lendemain, au-delà des désirs individuels et
immédiats.
Voici quelques interventions de députés de l'opposition
M. François de Mazières.
Il y a un point sur lequel nous devons réfléchir ensemble, c’est que, quelque
part, c’est le désir d’un adulte que vous mettez en avant. Or la loi doit aussi
mettre des bornes aux dérapages des adultes.
M. Hervé Mariton.
…mais s’il est possible aujourd’hui d’obtenir une reproduction dans une lignée
mâle, que répondrez-vous demain lorsque deux hommes vous réclameront un enfant
sur leur propre patrimoine génétique ?
M. Jean-Frédéric Poisson.
Nous voici arrivés à un moment où les progrès scientifiques rendent possible ce
qui était encore inimaginable il y a quelques années. Bientôt, si ce n’est pas
déjà le cas, nous pourrons
créer
artificiellement des enfants. De ce fait,
ces êtres créés par des processus industriels ou artificiels pourront
être disponibles à toute volonté ou à toute forme de désir.
M. Guillaume Chevrollier.
Pour revenir à l’adoption par les couples homosexuels, je la considère
discutable par principe. Elle répond en effet à
un droit à l’enfant, c’est-à-dire aux désirs et aux égoïsmes des
adultes, négligeant l’intérêt de l’enfant.
Le législateur n’est pas un simple greffier de l’état de la société. En
conclusion, le débat d’aujourd’hui est tout sauf secondaire. Il est essentiel,
il est emblématique de toutes ces réformes de société dans lesquelles le
Gouvernement et la majorité veulent entraîner le pays. Celles-ci constituent,
je n’hésite pas à le dire, une offensive
ultra-libérale, individualiste, voire libertaire, comme on n’en a pas connu
peut-être depuis mai 1968 : filiation, droit de la famille, politique
familiale, recherche sur l’embryon, euthanasie et autres théories du genre…
M. Philippe Meunier.
Avec ce projet de loi, vous répondez à
une attente, celle de tous les bobos, et surtout à leurs caprices. Pour
satisfaire les demandes d’une minorité agissante, vous avez fait le choix de
casser le code civil de tous les Français.
M. Bernard Accoyer.
Il aurait suffi de créer une union qui répondrait à l’attente de cette minorité
agissante qui vous a motivée, et de laisser les couples mariés formés d’un
homme et une femme et leurs enfants suivre la destinée qui s’est avérée la plus
sécurisante au cours du temps.
M. Philippe Meunier.
Malheureusement, aujourd’hui, nous avons un président de la République et
une assemblée aux ordres d’une minorité
agissante. Il est temps de vous ressaisir, de retrouver le sens de la
République et de l’intérêt général en adoptant cet amendement pour la clause de
conscience.
M. Marc Le Fur.
Dans ce domaine, votre anticléricalisme, votre cathophobie est non seulement
outrancière – notre rapporteur l’a démontré par l’accueil lamentable qu’il a
réservé aux représentants des cultes–, mais elle n’est pas non plus pertinente.
L’Église catholique n’est en Occident que la gardienne d’une réalité
anthropologique qui, dans d’autres pays, sera défendue au nom d’autres
traditions, d’autres sagesses, d’autres cultures. La meilleure preuve, c’est
qu’aucune des grandes traditions d’Orient comme d’Occident n’a accepté le
mariage homosexuel. Les civilisations qui ont toléré, voire autorisé
l’homosexualité…