Le règne de Nicolas
Sarkozy touche à sa fin. Déchéance attendue le 6 mai. Le président-candidat
doit assumer son bilan. Parlons plutôt de dépôt de bilan. Sarkozy a tout
promis. Surtout n’importe quoi.
Résultat : quel contraste saisissant entre les
incantations de 2007 et l’état de la France en 2012 ! L’exercice sarkozyste se
résume en deux mots : désastre et mensonges. La preuve ? En voici cinq. Florilège
non exhaustif.
Sarkozy a dit : « 5 % de chômeurs à la fin de mon quinquennat.
Si j’échoue, je dis aux Français il faut en tirer les conséquences. »
- La réalité : 1
million de chômeurs supplémentaires
Chacun a les records qu’il mérite.
Nicolas Sarkozy détient celui de la hausse la plus brutale du chômage depuis 30
ans. A 8,1 % en 2007, le taux devrait atteindre 10 % en mai. On comptait 2
867 900 demandeurs d’emploi en France métropolitaine fin février. Soit une
augmentation de 6,2 % sur un an. Pour les seniors, c’est + 15 %. Si l’on
ajoute les chômeurs à activité partielle, on recense 4,56 millions d’inscrits à
Pôle Emploi. La réaction de Nicolas Sarkozy ? Une formule exquise : « la
baisse tendancielle de l’augmentation du nombre de chômeurs ». On en
viendrait presque à regretter Christine Lagarde, ex-ministre de l’Economie, et
ses jubilatoires « réduction de la hausse » et autres «
ralentissement de la dégradation ».
La crise ? Elle n’explique
pas tout. Loin de là. Ainsi, les crédits de la politique de l’emploi fondent
comme neige au soleil : - 10,5 % en 2010 et - 11,3 % en 2011. Certaines
mesures, comme la défiscalisation des heures supplémentaires, cette maigre
incarnation du fameux « Travailler plus pour gagner plus », ont eu
des effets néfastes pour l’emploi.
Sarkozy
a dit : « Je n’accepte pas l’idée d’une
France sans usine. »
- La réalité :
350 000 emplois industriels détruits
En cinq ans, près de 350 000
emplois industriels ont été rayés de la carte en France. Un rapport de la
direction du Trésor démontre que les délocalisations au sens strict, c’est-à-dire
vers les pays à bas coûts salariaux, n’expliquent qu’entre 10 et 20 % des
pertes d’emplois industriels.
Sarkozy
a dit : « Je m’engage à ramener la dette
en dessous des 60 % du PIB d’ici 2012. »
- La réalité : dette publique en hausse de 620 milliards
d’euros
Nouveau record battu par
Sarkozy ! Sous son quinquennat, la dette publique a explosé, s’établissant à
85,8 % du produit intérieur brut (PIB) en 2011. Depuis 2007, la dette a augmenté
de 620 milliards d’euros. La plus forte hausse depuis la guerre ! Elle atteint
aujourd’hui 1 717,3 milliards d’euros et approche du seuil fatidique de
90 % du PIB, jugé dangereux par les économistes. Et pas la peine de s’abriter
derrière le paravent de la crise. Sur les 620 milliards d’euros d’accroissement
de la dette, seulement 109 sont imputables à la récession économique. Demandez
l’addition ! Le mandat de Sarkozy a coûté 511 milliards à la France.
Sarkozy
a dit : « Je n'ai pas été élu pour
augmenter les impôts. »
- La réalité : plus de 40 taxes créées
Un sujet sur lequel Nicolas
Sarkozy n’aurait pas menti ? En effet, il n’a pas augmenté les impôts… il en a
créé de nouveaux. Plus de 40 taxes introduites en cinq ans ! Pas toujours
visibles et touchant à des domaines très divers. Sans parler des 200 000
personnes qui deviennent assujetties à l’impôt sur le revenu, ou de l’augmentation
du taux réduit de TVA de 5,5 à 7 % qui concerne les biens de consommation
essentiels. Quant à la TVA sociale (qui n’a de sociale que le nom), appliquée
si Sarkozy est réélu, elle devrait représenter 13 milliards d’euros soutirés
essentiellement aux foyers modestes.
Bilan : le taux de prélèvements
obligatoires (impôts, taxes, cotisations sociales...) s’élève à 43,8 % en
2011(contre 42,5 % en 2010). Ils dépassent leur niveau de 2007, alors que
Sarkozy avait promis de les réduire de quatre points. Il n’a pas tenu sa
promesse. Vous avez dit une de plus ?
En parallèle, on compte
toujours 261 niches fiscales, représentant plus de 52 milliards d’euros.
Certes, Nicolas Sarkozy a - enfin - supprimé le bouclier fiscal. Mais pas sans
un joli cadeau en contrepartie à ses très riches amis. Alors que le bouclier
disparaît en 2012, l’ISF (Impôt sur la fortune) a été allégé dès 2011. En
Sarkozie, on protège les niches et les riches. Les baisses d’impôt du
quinquennat se sont concentrées sur les hauts patrimoines. Et c’est un
organisme indépendant qui le dit : l’Institut des politiques publiques.
Sarkozy
a dit : « J'ai fixé l'objectif de réduire
d'au moins un tiers en cinq ans la pauvreté dans notre pays. »
- La réalité : la pauvreté touche 11,2 millions de Français
Loin de reculer, la pauvreté
progresse en France. C’est le sombre tableau que dresse le rapport de l’Observatoire
national de la pauvreté et de l’exclusion sociale (Onpes), publié le 29 mars.
Le taux de pauvreté s’élevait à 13,5 % de la population en 2009 (dernier
chiffre disponible), soit 8,2 millions de Français vivant avec moins de 954
euros par mois. Quant aux personnes en situation de grande pauvreté (moins de
640 euros mensuels), elles sont près de 2 millions et en nette augmentation.
Sans compter ceux touchés par des « privations matérielles sévères » ou
une « très faible intensité de travail ». Au total, la pauvreté ou la
précarité concerne aujourd’hui 11,2 millions de personnes. Près d’un jeune sur
deux de moins de 25 ans habitant en zone urbaine sensible est pauvre !
Malgré ce constat alarmant, l’Onpes
note que sans les prestations sociales, le taux de pauvreté atteindrait 20 %.
Prestations sociales ? Ce système de solidarité nationale que l’auto proclamé « candidat
du peuple » appelle assistanat. Alors, où est-il le Président qui s’est
engagé à réduire la pauvreté ? Puisqu’il l’a sans doute oublié, rappelons-lui
que le gouvernement a supprimé, l’an dernier, 153 millions d’euros de dotations
publiques à la lutte contre la pauvreté, dont 26 millions destinés au SAMU
Social.
Et pourtant, à l’entendre,
Nicolas Sarkozy n’est coupable de rien. Reste qu’il faudrait en noircir des
pages pour rendre compte de la litanie des autres promesses envolées, des
revirements et des mensonges éhontés du chef de l’Etat : augmentation du
pouvoir d’achat, droit à la retraite à 60 ans, fin des paradis fiscaux, suppression des parachutes dorés, triple A,
taxe Tobin, République irréprochable, indépendance de la justice, Kadhafi et al-Assad…
Et sa campagne de 2012 ressemble à un mauvais remake. Des promesses déjà
entendues et non tenues : réforme de la dépendance, amélioration de l’accueil
des élèves handicapés, développement d’un second plan de rénovation urbaine (on
cherche le premier !)… Des tête-à-queue spectaculaires : réduire de 10 % le
nombre de parlementaires, alors qu’il en a augmenté le nombre en créant de
nouveaux députés des Français de l’étranger, injecter une dose de
proportionnelle aux législatives, augmenter la présence des professeurs au collège…
Le tout, noyé dans un océan de redites et d’idées (?) creuses.
Non, vous ne rêvez pas ! C’est
bien le même Nicolas Sarkozy qui, le soir de son sacre, lançait devant la
France : « Je
ne vous mentirai pas, je ne vous décevrai pas ! » A ce
niveau de mensonges, c’est un cas clinique.